mardi 20 décembre 2011

Dernier arrêt Bali : l'île aux fantasmes



Je parviens finalement à trouver un fond d’énergie pour aller voir rapidement l’impressionnant temple de Borobudur (que je ne pourrais même pas vous montrer puisque mon appareil photo, en plus d’être agonisant, se trouvait à court de batterie à cet instant précis {gifle l’appareil}), puis me dirige doucement vers l'île de Bali.



La route est bonne et très fréquentée, me permettant ainsi d'attraper le ferry au petit matin en compagnie d'une foule de travailleurs javanais qui ont tous compris que l'argent se trouve de l'autre côté. Après une traversée des plus agréables, à laquelle prend part une multitude de poissons volants, et d'un sympathique lever de soleil, je pose les orteils sur le dernier vestige hindouiste indonésien. 

Bye bye Java


En effet, fini les miaulements dans les minarets à des heures indécentes et bonjour aux petits paniers de fleurs et de nourriture à même le trottoir (réussir à ne pas glisser dessus constitue un véritable challenge), aux multiples onctions odorantes sur les maisons à la tombée du jour ainsi qu'aux monuments aussi apaisants que fins et travaillés.



J'ai souvent entendu parler de Bali comme étant un petit paradis de beauté et de calme : force est de constater que l'on ne m'a pas menti. A partir du moment où l'on s'éloigne de Denpasar, Ubud et Kuta (les pôles majeurs de vacanciers), on déambule au milieu de charmantes rizières traversées par de petits cours d'eau rejoignant des plages toujours plus paradisiaques, avec une eau toujours plus bleue et des surfers toujours plus présents (qui sont par ailleurs tous/toutes beau/belles, grands/grandes et épilé(e)s jusqu'aux tendons).

Bonjour Bali !


Tandis que je saute de port de plaisance en port de pêche pour trouver un bateau à destination de l'Australie, je me rend vite compte que rallier l'Océanie par la mer sera des plus compliqués. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'à priori aucun navire n'y est autorisé en cette saison. Le problème n'est même pas de trouver une bonne âme qui acceptera que je l'accompagne, puisqu'on me propose de m'emmener en mars 2012 à partir du Timor mais malheureusement mon budget ne résistera pas à une attente aussi longue.



Je me tourne donc vers l'avion et négocie avec une compagie low cost en leur expliquant toute l'histoire. Ils me trouvent finalement un siège sur un vol de nuit à moitié vide pour un prix défiant toute concurrence. Après avoir fait mes adieux à l'Asie, je grimpe dans l'appareil et me sens comme cendrillon le soir du bal : bordel, tout est propre, brille, yamêmpadcafards et en plus on me sert une madeleine. Une madeleine !



Deux heures plus tard me voilà à l'aéroport de Darwin, en plein milieu de la nuit, et j'ai déjà du mal à me faire au changement. Je m'étouffe à moitié en avalant mon café quand je comprend qu'il vient de me coûter 4$, soit environ 3 euros et qu'il s'agit là du tiers de mon budget nourriture du jour. Tout est calme, rangé, neuf et je vacille une nouvelle fois quand je réalise qu'il y a 13 kms à se taper jusqu'à la ville. Et une randonnée en pleine nuit, une !

lundi 12 décembre 2011

Pouce 747 pour Jakarta : rogntudju

Jakarta

Rejoindre la ville de Padang ne prend qu’une heure mais vu que mon visage tourne au vert à chaque virage, celle-ci me semble interminable. Je m’installe dans une petite maison d’hôte et dors pendant environ 2 jours, le temps de reprendre du poil de la bête. Au début inquiet que ce ne soit la malaria où une saloperie du genre, je me rends vite compte que ce n’est qu’une overdose de fatigue couvant depuis la Malaisie autant qu'associée aux brusques changements de température.


En effet depuis une vingtaine de jours, il faut que je me fasse violence pour aller voir le monde, sans quoi je m’assieds sur un bout de trottoir et regarde les bagnoles passer pendant des heures, à la manière d’un bovin.  Peut-être est-ce également dû à la courte distance me séparant du territoire final, un peu comme quand l’on a envie de pisser depuis des heures et qu’une fois arrivé à 400m du soulagement, la pression se fait intenable.

La plage principale de Padang : on voit presque le sable

Je rage un peu de cet arrêt forcé qui me fait manquer l’île de Mentawai et ses fameux hommes fleurs, rendus célèbres par chez nous grâce au passage de Timsit sur ce fameux caillou dans une émission à succès.

Après une dernière journée faite de sifflage de noix de coco devant des plages couvertes de déchets, je prends la route de Jakarta et traverse donc le sud-Sumatra jusqu’à Palembang avant d’attraper le ferry un peu plus loin. C'est d'une beauté à pleurer. Temples animistes et Krakatoa plus tard, me voilà sur l’île de Java, bien plus habituée à la présence étrangère.



On m’avait prévenu : ne perd pas de temps dans la capitale. Maintenant je comprends pourquoi ! Je crois que je n’ai vu bled principal plus laid depuis Bucarest. Une misère importante, du béton partout et mon humeur massacrante pour me tenir compagnie : wouhou, ça fait envie.

Malgré cela, je reste toujours aussi étonné de la qualité de la nourriture qui compte comme l’une des plus fines jusqu’ici. Du saté au nasi goreng en passant par le durian, je pourrais passer mes journées à manger vu qu'un plat ne coûte que 60-75 cents.

Le monument central de Jakarta...


De plus, l’extrême bienveillance des habitants envers les occidentaux est surprenante et je fais mon possible pour rester agréable et poli à chaque nouvelle rencontre (environ toutes les 45 secondes). Tâche ardue vu mon envie inexplicable de noyer des chatons et de molester des vieilles femmes sans défense ( je crois que vous commencez à comprendre que je suis de mauvais poil).

Hop, direction Nogyakarta. Surnommé Jogja, la cité est sur-touristique et à l’image du Vietnam, on vous hèle tous les 2m pour vous prendre en pousse-pousse. Je me la joue donc à l’irlandaise, accoudé à une table de gargote avec un aneka juice (sorte de milk-shake) à la main en grommelant.



Le coin doit sa renommée au Kraton, le palais du Sultan, au volcan Merapi (qui est bel et bien à Java et non à Sumatra, j'ai fait une bourde sur le précédent billet) et évidemment au temple bouddhiste de Borobudur, le plus imposant au monde que j’essaye de me convaincre d’aller voir malgré le coût important du ticket et mon envie d’inertie.

L’île de Bali n’est plus bien loin et constituera ma dernière étape avant la terre promise. En espérant retrouver mon extraordinaire jovialité et mon formidable dynamisme d’ici là !

dimanche 4 décembre 2011

Sumatra : mousson humaine et mer de plastique

Suhaï et l'une de ses classes
Singapour, la ville où le chewing gum est interdit, offre un spectacle des plus insolites. Tandis que les fidèles sortent des diverses mosquées après leur prière du soir, une véritable armée de prostituées se tient un peu partout et tente d’attirer le chaland. Rajoutez à cela l’odeur sympathique des gargotes chinoises, les hommes d’affaires pressés, un environnement trop propre et des plus modernes : paf, le cocktail est épicé.

Marina Bay (Singapour)

De Marina Bay au marché des voleurs, la mythique cité portuaire à de quoi rassasier mais à l’image de ses homologues malaises, n’offre pas grand-chose d’âgé de moins de 50 ans.
Premier choc : les prix ! Le coût de la vie ici est comparable à la France et je verse une larme à chaque fois que j’ouvre mon porte-monnaie. Bonne nouvelle, camper sur la plage est autorisé et je peux donc dormir sur place sans avoir à vendre mes organes.

L'un des nombreux temples hindous de Singapour

Le temps est désormais venu de s’attaquer à l’Indonésie et il me faut donc attraper un bateau pour rallier l’île de Sumatra. La chose n’est guère aisée, spécialement lorsque l’on ne souhaite pas payer la traversée et mes explications au personnel sur le pourquoi du comment n’y changent pas grand-chose. De plus, chaque jour de plus passé ici me fait perdre quasiment autant que le billet… Je terminerais finalement par l’acheter, ce qui est peu glorieux, et me dirige donc vers Batam, petit île de transit vers ma destination finale.


Mais voilà, j’arrive trop tard et le prochain « navire » ne sera là que le lendemain. Un autochtone me conseille de reprendre la mer vers Tanjung Balaï Karimun, vraisemblablement plus typique et cela m’avancera malgré tout d’une heure. Cette fois, j’obtiens un ticket en échange d’un paquet de cigarettes et fait voile vers ladite bourgade.

 Ce bout de terre est à lui tout seul déjà un autre monde. Tout le monde me salue, me raconte sa vie, me conseille, essaye de me vendre des saloperies (bon ça, ce n’est pas nouveau) et m’apprend le langage du coin. Je suis le seul occidental sur place et je me sens comme une star de cinéma (un brin pouilleuse certes) en tournée de dédicaces.

Vendeur de Tanjung Balaï

Le lendemain, c’est coquille de noix de nouveau et me voilà quelques heures après sur la route de Pekanbaru que j’atteins sans mal vu que tout le monde s’arrête à ma portée et me propose joyeusement de me déposer où je veux. Vision d’apocalypse que cette route jonchée de détritus, contrastant avec la beauté du paysage. Les nombreux macaques sur le bas-côté cherchent de quoi bouffer dans les innombrables sacs en plastique tandis que quelques cadavres de clébards viennent réveiller les narines.

Me voilà sur place le soir et chacun de mes pas provoquent, à peu de chose près, une émeute. De nouveau on me regarde avec des yeux ronds et l’on me donne du « hello mister » à tout va. Tandis que je cherche un lit pour étendre ma carcasse, Suhaï sur son scooter s’arrête avec sa frangine et m’offre le gîte et le couvert. « Tout le monde pense que nous sommes des terroristes » dit-il. « Je vais te prouver que ça n’est pas vrai ».

Ok, j'aime les couchers de soleil. Et après ?

Etudiant, celui-ci dirige un cours d’anglais gratuit pour tous et prodigue son savoir à l’université islamique du patelin. Je passerais donc la journée suivante à sauter de classe en classe où je serais reçu par des lycéens enthousiastes et heureux de faire ma connaissance. Le dernier étranger venu les voir, c’était 7 ans auparavant… je comprends maintenant pourquoi je fais figure d’ovni. De plus, je suis étonné par l’attitude de plusieurs troupes de filles qui, malgré l’extrême application du coran dans cette partie du monde, n’hésitent pas à me témoigner un vif intérêt. Bref, pas aussi farouches qu’on le croit.

La route s’offre de nouveau à moi après plusieurs offres adorables, du mariage à l’hébergement gratuit jusqu’à la fin de mes jours.

Canyon de Sianok

J’ai par contre beaucoup de mal à supporter la vue des habitants en train de tout jeter constamment dans la rivière où dans la jungle, faisant de ce qui pourrait être un véritable paradis une décharge à ciel ouvert.

Bukkittinggi n’est pas bien loin et se veut riche en trésors naturels comme le canyon de Sianok où encore l’impressionnant volcan actif Merapi. De plus l’ethnie régionale présente une particularité puisqu’elle est de confession musulmane matrilinéaire, c'est-à-dire que seule la filiation féminine compte.


J’en profite pour visiter quelques tranchées japonaises utilisées entre 1942 et 1945 avant de passer une nuit abominable faite de tourista et de gastroentérite.

Prochain arrêt Padang où quelques jours de repos seront de rigueur afin de recouvrer quelques forces m’voyez.

Volcan Merapi sous les nuages

samedi 26 novembre 2011

Pirate du dimanche : Singapour n'est qu'à quelques milles

Tête de mort sur une tombe hollandaise
La première ville de Malaisie s'inscrit dans les standards de toute société moderne, à savoir : multiculturelle, à la pointe de la technologie, bruyante et chère. Âgée tout au plus d'une centaine d'années, Kuala Lumpur ne propose aucuns vestiges antiques hormis les vestes crasseuses des nombreux sans-abris moisissant sur leur bout de trottoir depuis des lustres. La misère est donc très présente et côtoie l'hyper-richesse, symbolisée pour l'occasion par les tours jumelles Petronas, comptant comme la paire de buildings parmi les plus hauts du monde.

Les tours Petronas
Par contre côté ambiance, on peut dire que les rues sont agitées. Tandis que les temples hindous font sonner tambours et que les églises donnent de la cloche, les muezzins agitent la glotte. Résultat : un bordel sonore incroyable qui a somme toute un certain charme.



Bien évidemment les chants musulmans sont à l'honneur et l'on ne peut ignorer la beauté de certains d'entre eux, mystiques; enfin on apprécie au début. Le problème est que les "chanteurs" sont de qualité assez inégale et quand vous vous faites réveiller tous les matins à 5h par un "allah akbar" hurlé au mégaphone, et bien vous trotte dans la tête une réaction assez similaire à un OSS 117 au Caire.


Ainsi, ce mélange d'influences constitue le principal attrait de la capitale mais hormis cela.... pas la peine de s'y attarder. La bière y est chère, tout comme le sourire.

Malacca n'est qu'à une heure de route et rejoindre cet ancien port marchand est rapide. La route présente un décor assez monotone de palmiers en rangs serrés, sans grand intérêt. La bourgade par contre est une curiosité : inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, elle conserve les traces de l'arrivée des colons portugais (sans mauvais jeu de mots), hollandais et britanniques; proposant de fait divers galions, des chapelles en ruine ainsi que d'innombrables tombes frappées de la légendaire tête de mort.



De nombreux voyageurs s'y arrêtent un certain temps pour sa facette artistique et son calme appréciable, ses berges illuminées et sa communauté particulière. J'y pose donc mon sac quelques jours avant de me diriger vers la cité-état de Singapour qui me donnera ma première sueur froide depuis le Kazakhstan.

Chapelle Saint Paul


Afin d'accéder à ladite mégapole, il me faut passer une nouvelle frontière qui se révèle assez pointilleuse. Manque de chance, après un passage dans le scanner mon sac se met à sonner. 5 douaniers se mettent autour et cherche vraisemblablement un objet métallique dans le fond de mon sac. Il s'agit bien évidemment de mon couteau papillon que je planque dans une chaussure et qui n'avait jusque là jamais été découvert.



Ils fouillent mais ne trouve rien, le stress monte, ils me posent plein de questions, je m'imagine déjà dans une cellule à expliquer à l'officiel en charge que j'utilise l'arme blanche pour bouffer de l'alligator quand je suis en pleine jungle.



Ne pas trouver l'objet les a passablement énervé et je me décide à jouer la carte de l'honnête bêta qui n'est pas au courant : "- ha mais oui, j'ai un couteau de chasse" que je leur dis. Je sors la bête et coup de bol, il n'arrive pas à l'ouvrir. Il me demande de le faire et m'explique qu'ils ne sont pas habitués à l'artisanat suisse, tandis qu'une garde explique à un collègue que les français l'utilisent pour ouvrir les bouteilles de pinard. Ouf, leur compréhensible ignorance (rappelons que je suis à 11000 km de Paris) me sauve la mise.

Mosquée chinoise


Une fois de l'autre côté, force est de constater que c'est à la Malaisie ce que Monaco est à l'hexagone : la même ambiance mais en plus bourgeois. Toujours du neuf, du neuf et pas de place pour l'ancien. Mais c'est une tendance très asiatique que de faire table rase du passé et, hormis pour la Thaïlande, la majorité des sites préservés que j'ai eu de la chance de traverser depuis mon arrivée en Chine jusqu'à cet endroit est financée par les japonais. C'est assez triste dans un sens.

Le premier Mister Universe était malais !


Je me fraye un chemin entre les nombreuses filles de joie afin de trouver une âme charitable capable de m'héberger dans cette zone hors de prix, avant de tenter de rejoindre l'Indonésie en bateau, si possible sans payer le ticket...

La roue de l'évolution, représentant l'avancée de l'homme au fil du temps

vendredi 18 novembre 2011

Krabi & co : sprint jusqu'à la frontière malaisienne



Un dernier tour d’un Bangkok que je ne reverrais probablement jamais dans cet état, un signe de la main à mon adorable hôte thaïlandais Toom et me voilà sur la route du sud à chercher comment passer au travers des dernières voies inondées. 

Les convois embarquent principalement des sinistrés et je ne me vois pas en virer un en gueulant : « salaud de pauvre, t’avais qu’à t’acheter des pilotis ». De fait, je me dirige vers la gare où tous les trains dans ma direction sont annulés puis vers la station de bus sud que je découvre à moitié immergée…. Là l’option est toute désignée mais prendre l’avion ne faisant pas parti de mes plans, je me débrouille pour dégotter un car-tank à touristes après avoir écumé quelques agences.

Un sanctuaire thaï


La sensation est étrange : je porte un pantalon tâché de peinture (souvenir du helpx à Luang Prabang), des bottines à moitié mortes, un t-shirt troué d’une marque de bière laotienne et cerise sur le gâteau je dégouline de sueur. Imaginez la trombine du chauffeur de bus et des voyageurs en D&G quand je prends place à leurs côtés : c’est bien simple je fais peur à tout le monde et bizarrement le seul siège libre se trouve être celui à côté du mien.

C'est joli non ?


Je débarque non loin de Surat Thani et fonce vers Krabi situé sur la côte ouest. Foncer est le mot puisqu’il ne me reste déjà plus que 5 jours avant de me retrouver en situation irrégulière. Mais c’est déjà une autre Thaïlande qui s’offre à moi, beaucoup plus touristique, moins sympa et bien plus chère. Les îles paradisiaques n’attirent pas forcément un public très agréable, ça me rappelle un peu Odessa sur ce plan.

Plage-port d'Ao Nang avec les "long-tails boats"


La plage d’Ao Nang, d’où l’on peut embarquer pour Koh Phi Phi et Koh Lanta (oui, je sais oui), devait être magnifique avant. Que l’on s’entende bien, c’est toujours joli mais la quantité de détritus et d’attrape-couillons parvient à vous faire haïr l’endroit. La route n’est qu’à quelques mètres de l’eau qui est elle-même couverte de « bateaux longues-queues » pour occidentaux ; les vendeurs de « costoume » vous cassent les bonbons à tous les coins de rue avec cette détestable technique du « jeteserslamainetjenetelarendquesitumachètesuntrucouquetumenvoiesvigoureusementchier ».

C'est le printemps !


Bref, c’est aussi dépaysant que la côte d’azur au mois d’août et je mets donc les bouts vite fait en direction de la Malaisie. Je suis toutefois un peu frustré de cette maigre quinzaine passée ici, j’ai l’impression de partir sans connaitre réellement le pays  et il faudra donc définitivement que je revienne, ne serait-ce que pour voir Chiang Mai où les îles réputées moins touristiques comme Koh Kood.


Après un bref arrêt à Hat Yai, je passe la ligne sans difficulté et prend le sentier de Kuala Lumpur en évitant Penang qui d’après les rumeurs disposerait d’une atmosphère similaire aux îles que je viens de quitter. Mort aux plages donc et place aux buildings. Mes premiers pas dans le pays sont assez étonnants : après avoir passé un bon kilomètre de bidonvilles, je découvre un pays ultramoderne avec autoroutes à 4 voies, toilettes avec du papier (ben oui, après 3 mois de jets rince-culs ça surprend), et de vastes étendues d’habitations flambant neuves.


 


Comme me l’annonçait déjà la pointe sud de la contrée précédente, les citoyens d’ici sont à majorité musulmane et les hommes portent fièrement la barbe avec le chapeau tandis que les femmes sont toutes voilées. Alors c’est vrai que mon crâne de blond ne passe pas inaperçu et entraine une certaine méfiance de la part des autochtones. Il est difficile d’obtenir des réponses aimables, m’invitant ainsi à me la fermer mais ce qui est un brin dérangeant est véritablement le rapport à la gente féminine.

Du building neuf en veux-tu en voilà

 
Non pas que je déambule avec des yeux de pervers en soulevant les burqas des filles mais il arrive qu’accidentellement les regards se croisent un court instant. Le drame. Elles fuient alors à moitié et la testostérone alentour me foudroie des pupilles… Pour l’heure, la seule solution à ma portée est de me balader tête en l’air, entrainant bien sur toutes sortes de dégâts allant de la simple chute au carambolage sur trottoir auxquels s’invitent tous les vendeurs de victuailles.

La grande mosquée


Une fois arrivé dans la capitale, cette facette stricte s’assouplit un peu et la cité présente un multiculturalisme impressionnant. Des hindous, des chinois, des européens, des bangladais arpentant des rues bordées de temples et d’églises avec au centre une immense mosquée. On dirait un mélange entre Astana et Shanghai. 

Le temps est à la pluie mais également à la découverte des terres du Sultan Mizan Zainal Abidin. Plus de détails sur Kuala Lumpur dans une semaine !

jeudi 10 novembre 2011

D'Udon à Bangkok : la route de la flotte



Mon plan initial est de rejoindre la Thaïlande en traversant la frontière nord-ouest du pays puis de faire un premier arrêt à Chiang Rai. Mais seulement voilà, lorsque j'en parle autour de moi tous me donnent la même réponse : tu n'auras qu'un visa de 15 jours si tu traverses par la route à cet endroit. Toutefois on m'assure que si je retourne à Vientiane, j'aurais un laissez-passer d'un mois sans souci.



Je me refais donc le chemin en sens inverse et repasse une nuit dans la capitale laotienne croulant sous les dollars des nombreux occidentaux ayant fui les inondations du pays voisin. Je ne m'attarde pas et traverse un nouveau "pont de l'amitié" m'amenant tout droit aux files d'attente de l'immigration, cette fois-ci particulièrement longues. Un duo de douanières me jettent des regards curieux m'amenant à m'interroger sur le fonctionnement de l'attribution dudit visa.



Je m'en vais donc leur poser la question et après des explications enjouées, l'une d'entre elle m'évitera l'attente en me laissant emprunter le couloir du personnel ainsi qu'en me faisant promettre de ne le répéter à personne; puis elle s'en retourne à son poste en me donnant une tape sur la fesse et en tortillant du postérieur... Bon, jusque là tout va bien.
 
Le Roi, aimé à l'extrême par la population


Ce n'est qu'une fois le bureau atteint que les choses se corsent : ils ne me donnent qu'un tampon stipulant 15 jours; impliquant donc que j'ai fait tout le chemin de Luang Prabang à ici pour rien et qu'en plus je vais louper le nord. Un brin déçu, je me dirige vers le bureau des narcotiques pour qu'ils fouillent mon sac mais les officiels présents me font signe de passer avec un grand sourire.

Ce sympathique moine me donnera une représentation en granit du Bouddha pour me porter chance


Mon premier arrêt se trouve être Udon Thani, bien connue pour sa forte population d'expatriés et ses filles faciles. Après avoir suivi les indications des habitants, j’atterris dans un hangar-auberge qui coûte une misère et me met à explorer les lieux.

Première impression : c'est très industriel et hormis les quelques temples, laid. Mais la particularité tient dans l'accueil assez extraordinaire de ses citoyens et dans une faune à l'attitude surprenante.



Tandis que les shih tzus se perchent aux endroits les plus insolites, les éléphants se baladent en plein centre-ville accompagnés par des salopards de première qui vendent des bananes aux étrangers afin qu'ils nourrissent le précieux animal. Le propriétaire n'hésite pas à blesser le mammifère avec une pique si celui-ci n'obtempère pas. Assez révoltant.

Admirez le regard noir de notre camarade à trompe


De même le nombre de cinquantenaires européens obèses avec à leurs bras des prostituées à peine majeures est impressionnant. Le sport local est à priori de se faire téter le noodle pour 4 euros et de passer la journée suivante à le raconter à tous les salingres alentours. M'enfin, on m'explique que ça se passe comme ça ici et qu'il faut l'accepter. Mouais.

four crématoire dans un temple


Je poursuis ma route vers Nakhon Rachasima dit "Khorat", chef-lieu de l'Isaan. Un décor assez similaire mais une faune changeante puisque cette fois se dressent des monitors, reptiles de 2 mètres de long, qui font la navette entre les berges et les trottoirs, à deux pas des écoles maternelles.

Le monitor, près de 2 mètres de long


Au début on se demande si entre les moustiques et les crocodiles on ne va pas finir par se faire béqueter dans un  coin, puis l'on s'habitue doucement à la présence de tout ce petit monde qui forme un tout indivisible.

Les gens prient et font des offrandes à l'héroïne locale

La bienveillance et les témoignages d'intérêt sont nombreux, à l'instar des laotiens, mais contrairement à ces derniers, les thaïlandais font preuve de bien plus d'assurance et aiment l'humour noir. Ils n'hésiteront pas à faire un détour de plusieurs kilomètres pour vous emmener où vous le souhaitez et c'est pour eux une excellente occasion de déconner avec un étranger. C'est bien simple, ils sont pour ainsi dire tout le temps en train de rire. Dieu que c'est appréciable.



Après plusieurs heures de recherche d'informations à propos de la situation sur Bangkok et le témoignage rassurant de plusieurs voyageurs qui y sont passés, je me dirige vers la capitale, non sans un bout de trouille qui ne me lâchera pas du voyage.

Les embarcations spéciales inondations


Le passage de la périphérie est véritablement impressionnant, les véhicules s'engouffrent dans presque 1 mètre d'eau tandis que les locaux ayant pour ainsi dire tout perdu se déplacent sur des barques où des radeaux. Mais bien loin de tirer la tronche, ils saluent les gens qui passent et en profitent pour apprendre à nager aux plus jeunes.

La partie la moins immergée de l'aéroport international


La tension est palpable chez tous les automobilistes, spécialement devant l'aéroport international et ses carlingues à moitié immergées. Les voies rapides sont remplies de véhicules laissés à l'abandon, les poissons sautent partout, les algues et les ordures flottent : ça a un petit côté fin du monde assez particulier.

Contre l'eau : des sacs de sable


Mais une fois arrivé dans la ville, comprendre les coins touristiques et fortunés, il est incroyablement difficile de savoir qu'il y a bel et bien des inondations autour. C'est bien simple, on peut déambuler plusieurs heures à Khao San sans croiser un bout de flotte.



Trouver de l'eau potable par contre n'est pas une tâche des plus faciles, et l'on se rabat alors sur les sodas, les jus de fruit où encore la bière. Il faut bien vivre hein. Mais la situation est loin d'être aussi apocalyptique que ce que l'on nous raconte : la nourriture est présente en quantité et une grande partie des familles sont prises en charge par des proches où par l'armée.



De même les actions humanitaires sont nombreuses et les moins chanceux, sereins. "A quoi sert de s'inquiéter ? Ça fait 3 mois que ça dure ! On attend que l'eau redescende et puis on répare." dit l'un. "Bor pen nyang" dit un autre ("relax mec" en thaï).

Les "arbres à sous", soit de multiples billets accrochés à des cordes à linge


Bref, l'heure est à la réflexion post-floods et quant à moi, le prochain casse-tête est de parvenir à rejoindre le sud du pays. On oublie l'autostop et les bus et on envisage le train, voir même l'avion si les voies ferrées sont sous l'eau.

Certains ont compris comment apprécier la situation : "bor pen nyang" !