samedi 25 juin 2011

Des fêtes et des dieux



La température dans la capitale roumaine atteint les 37°, les chiens errants aboient, les caravanes passent, et je n'ai d'autres solutions que de me rafraichir à grand coup de Ciucas. Mes hôtes me gâtent en me promenant à droite à gauche, me font découvrir diverses spécialités dans la joie et la bonne humeur.

 Paul (prononçez Paoul) en pleine préparation du Sarmale


 Ledit plat sans la viande

Je vais même avoir droit à un bout de fête de la musique avec quelques concerts organisés par l'ambassade de France. Remixes jazzy et lounge de "Aux Champs-Élysées" avec un passage par un "Allez les Bleus" assez effrayant...

Je croise ça et là quelques compatriotes catastrophés mais néanmoins amusés par cette prestation qui résume, je pense, l'image que l'on a de nous autres gaulois à l'étranger. Rajoutons à cela le manque d'hygiène et le snobisme pour compléter le tableau hexagonal.




Qu'importe, après une courte nuit de 3h je me dirige vers Suceava, situé entre les frontières ukrainiennes et moldaves. Le trajet m'amène à retraverser les Carpates et à profiter des nombreux bouts de cambrousse, tous plus magnifiques les uns que les autres. Tour de force : je n'ai attrapé ni tiques, ni sangsues !

Forteresse de Suceava

Ceci fait, je débarque donc dans le chef-lieu de la région de Moldavie, connu notamment pour sa forteresse et ses nombreux monastères. Le hasard veut que je retrouve Michael, américain à la recherche de ses parents biologiques, déjà croisé à Brasov et ma foi fort sympathique.

Nous nous laissons donc aller à l'exploration des nombreuses ruines médiévales en empruntant divers sentiers assez irréels, parfois flippants. Souvent en fait.

 Michael aux côtés d'un puits couvert de signes maçonniques

Je passerais le fait que nous avons failli nous faire béqueter par des chiens errants, scène au final assez comique grâce à mes cris "repousse-clébards", qui ont tout à voir avec les bruits que ferait un canard enrhumé atteint du syndrome de la Tourette. Mais passons.



Le lendemain c'est jour de fête religieuse orthodoxe, pèlerinage et tout le toutim. Un monde fou, des tentes un peu partout et une pluie continue : on pourrait se croire aux Vieilles Charrues si les prêtres n'étaient pas là. D'après les explications d'un habitant, ils célèbrent vraisemblablement une plante qui ressemble à de la bruyère.

Les chants se succèdent, les grains de riz volent mais surtout : c'est la première fois que je vois les gitans et les roumains ensemble, soulignant d'autant plus le facteur de cohésion sociale qu'est la religion. Même moi, grand athée devant l'éternel, je trouve ça plutôt sympathique.




Après la procession d'usage, place aux danses traditionnelles et à la distribution gratuite de victuailles. Pour l'occasion, une bonne partie de la population est endimanchée : costume pour les hommes et longues robes pour les femmes. Mon dieu, qu'elles sont à croquer avec leurs cheveux foncés et leur air sérieux. Bref.



Je lèverais de nouveau le camp mardi en direction de Chernivtsi, ce qui me laisse donc encore 48h pour profiter de la Roumanie, qui reste un territoire à visiter au moins une fois dans sa vie, indubitablement. Si.

samedi 18 juin 2011

De Bran à Bucarest : Vampire & Co

Château de Bran


Brasov grouille d'étrangers : américains, anglais, australiens. Touristes pour la plupart mais également archéologues ou âmes charitables.

Sinaïa et le château de Bran constituent de fait les 2 pôles attractifs des alentours, le premier étant célèbre pour sa forteresse et sa gare où le premier ministre de Ceauşescu fut abattu; tandis que le second dispose d'un château où séjournait Vlad Tepes dit l'empaleur, ayant inspiré le personnage de Dracula.

Je ne fais ni une ni deux et fonce en direction de ce dernier dans l'espoir de tirer un bout de vie éternelle avec une coupe de sang frais.

Préparation d'un plat traditionnel

 
Hélas, comme toute légende, celle de l'illustre Comte a perdu de sa superbe. D'une, ledit personnage historique n'a semble t-il dormi qu'une nuit dans cette bâtisse; de deux, il y a vraiment une tripotée de vampires, s'acharnant à extirper jusqu'au dernier lei de mon larfeuille. 

Déçu donc, je m'éloigne un peu des légions de gamins obèses dévorant goulument glaces et bonbons pour m'aventurer dans les petites rues où vivent les locaux. Le contraste est saisissant, je croise d'autres enfants, pas plus de 6 ans et tirant à bout de bras des petites charrettes pleines de fourrage pour le bétail. 

Un travail pénible sous un soleil de plomb qui toutefois n'efface pas leur sourire... l'image me restera en tête un bon moment.



De retour à Brasov, je rencontre Peter, britannique très croyant et occupant une place de bénévole dans un hospice. Il m'explique la place particulière qu'occupe la Roumanie dans son coeur, sa foi en l'avenir du pays et poursuit en jalonnant son histoire de verres de rouge.

Original et sympathique, il m'accompagne dans mes diverses excursions avant que je ne me décide à rejoindre Bucarest.

 Peter

Le trafic entre les 2 villes est important et passer de l'une à l'autre n'est qu'une formalité. Une fois arrivé dans la capitale, je rencontre Andrei, informaticien de 27 ans qui accepte de m'héberger pour la semaine au sein de sa collocation.

La troupe est sympathique et me conseille tant sur les diverses choses à voir que sur les plats dont l'inévitable Sarmale fait partie.

Le Parlement


On ne va pas se mentir, la cité n'est pas des plus jolies. Des barres d'immeubles grises partout avec quelque vestiges de l'ancienne Bucarest à droite à gauche, mise à mal par la folie destructrice de l'ancien dictateur.

Son palais désormais reconverti en Parlement reste une curiosité puisqu'il s'agit de l'un des plus grands bâtiments au monde : 1100 pièces sur 12 étages, c'est dire.

De gauche à droite : Andrei et son patron pote Cristian


Mais le point fort reste véritablement l'attitude amicale des roumains, il est rare que je reste assis 20 mn sans qu'une personne ne vienne me parler. Ils me posent un tas de questions, m'offrent parfois à boire et partent souriant. C'est assez plaisant !

Toutefois quand je leur demande si ils envisagent de partir voyager un de ces jours, une seule réponse : "j'adorerais, mais nous sommes considérés comme des voleurs à l'étranger, j'ai peur d'avoir des problèmes"....

 Votre serviteur en tenue traditionnelle roumaine

Ils me restent encore quelques jours à passer chez Andreï puis direction Suceava, dernière ville étape avant de rejoindre l'Ukraine ! Pour l'heure, même si l'envie de changer d'atmosphère commence à se faire sentir, je peux dire que je me sens bien en Roumanie. C'est une bonne chose, n'est-il pas ?

Des immeubles à perte de vue

samedi 11 juin 2011

Transylvain de passage


J’ai fait mon temps à Timisoara et il est l'heure de se remettre en mouvement. Dilemme, comme cité auparavant, mon genou est visiblement en colère contre moi et après avoir péniblement parcouru 500m, celui-ci me rappelle à l’ordre. Que faire ? Forcer et risquer de rentrer à casa dans une semaine ou opter pour la facilité et prendre le train ?

 Joueur de scie dans la rue principale de Sibiu

Je vote à main levée en faveur de cette dernière option mais croyez-moi, je le paie très cher. En effet, pour parcourir les 200 km me séparant de ma prochaine étape, je ne mettrais pas moins de 8h30 ! On m’avait déjà parlé du côté folklorique des transports d’Europe de l’Est, et je n’ai pas été déçu.

 Parties d'échecs avec parieurs

Outre le poivrot assis en face de moi qui ronfle comme un camion, distillant au passage une sympathique odeur d’eau de vie, j’ai été au cœur des échanges entre voyageurs et personnel. On discute, on rigole, on s’échange victuailles et blagues vaseuses, on file discretos un bifton au contrôleur quand on n’a pas de billet… et j’en passe. Une petite vieille me fait la conversation tandis que je réponds poliment « Da » à chaque fois qu’elle s’arrête. Ca durera plusieurs heures et je n’ai bien sûr pas compris un traître mot mais c’était sympa.



Me voilà donc en Transylvanie, à Sibiu, l’une des villes les plus visitées du pays et coup de chance, j’arrive pile au début du festival de théâtre de la ville. Bon, les spectacles gratuits sont assez maigres et le prix des performances payantes sont tout simplement une insulte aux salaires roumains. Je fais donc l’impasse, profite des monuments magnifiques de la ville et de quelques concerts de groupes locaux : comme Iris, qui, sans moquerie aucune, m’a fait largement penser à Dousseur de Vivre.



L’attitude des gens à mon égard est assez bienveillante : si il pleut, on m’offre un imper ; si je suis perdu, on m’aide volontiers ; bref, aucun problème de ce côté. Si ce n’est qu’avoir le malheur d’allumer une clope au milieu d’un parc me vaut en général 5 à 6 demandes, que manger la moindre chose attire les pigeons et les moineaux par dizaines (et agressifs les bestiaux en plus !), et que les inévitables chiens errants sont omniprésents et plus ou moins amicaux. Mais faisons fi de ces petits désagréments qui au final contribuent à l’atmosphère incomparable du pays.

 Musiciens écossais affrontant la pluie

Après quelques jours, mon genou cesse de gémir et je reprends la route en direction de Brasov, ancien fief de l'ordre teutonique, croisant au passage les inévitables calèches pleines de fourrage. 



Pas modeste pour un sou, le bled s’offre des lettres hollywoodiennes et affiche à l’évidence un patrimoine fort riche. L’église noire, la tour blanche et les nombreux bâtiments en font un point incontournable pour tout bon touriste qui se respecte. 

 Hallebardiers roumains

La prochaine cible se trouve être la ville de Bran, ou se trouve le château ayant inspiré le personnage de Dracula. Ca promet !

 Randonnée dans les carpates

dimanche 5 juin 2011

Roumanie : vers Timisoara



Une fois mes hôtes serbes remerciés, je cherche la direction de Timisoara et parviens péniblement à passer la frontière roumaine après avoir montré mon passeport à 3 douaniers différents. Le soleil tape et chaque pas se solde par un litre d'eau déversé directement sur mon t-shirt.



Le décor change radicalement et je traverse des zones rurales où les chevaux et outils rudimentaires d'agriculture ont toujours cours. Des tas d'ordures ça et là avec au milieu quelques guérites de fortune, habitées par des gitanes aux robes colorées ne cachant toutefois pas les conditions d'extrême précarité dans lesquelles ils subsistent.

Je débarque donc dans ladite cité en fin d'après-midi et me déniche une petite auberge peu coûteuse. Celle-ci est tenue par un praticien du Raïki ou Reiki, sorte de magie blanche d'inspiration chrétienne, qui me répète qu'il ne faut surtout pas que je laisse les gipsies me serrer la main, sinon ils me prendront ma chance... Bon, le ton est donné.

 Place de la victoire avec vue sur le théâtre

C'est par ailleurs l'une des choses les plus frappantes, la barrière palpable entre les 2 ethnies : ils cohabitent mais ne peuvent pas se sentir. Toutefois, ici les gens semblent plus ouverts qu'en Hongrie et chaque question posée à des locaux à droit à sa réponse enjouée et à un sympathique sourire.

Par contre, le point noir c'est que sur mon front il est écrit touriste (ils me croient tous allemand ou britannique) et m’arnaquent sans complexe sur les prix voir oublient de me rendre la monnaie. L'expression étonnée qu'ils font lorsque je leur fais remarquer est assez comique.


 Timisoara est effectivement la ville la plus riche du pays et la présence de plusieurs bars bobos-lounge au centre contraste avec la vétusté des bâtiments alentours. Toutefois de nombreux lieux valent le détour et voir les gens vivre est tout simplement agréable. De la bimbo au décolleté généreux qui fait le signe de croix en passant devant la cathédrale, au policier se cachant pour piquer un roupillon; un véritable spectacle moderne.

Cathédrale orthodoxe Trei Lerarhi

Une rencontre reste toutefois surprenante : Wolf, teuton de 57 ans installé au Paraguay (enfin, il y passe semble t-il un mois par an) qui voyage depuis ses 16 balais et continue toujours ses pérégrinations, avec pour buts conserver sa liberté et, bien sûr, les femmes. Il me conte son tour de l'équateur à cheval, ses 2 ans d'illégalité au Brésil, sa traversée de l'Inde, et bien plus. Nous avons partagé une Timisoreana puis nous sommes quitté comme cela, moi avec des images plein la tête et lui avec son baluchon. Nous ne nous reverrons sans doute pas mais le côté éphémère de la chose a son charme.

La photo est mauvaise mais on nous distingue tout de même

Je compte rester ici quelques jours avant de rejoindre Sibiu, pour m'imprégner un peu plus de l'atmosphère de la West Coast roumaine.

Premier bilan : un mois sur la route


Ben vi, ça fait déjà un mois que je me suis éclipsé et l'heure des premiers constats est venue.

Commençons par tout ce qui est positif, du plus évident au plus subtil :

- J'ai vu plein de choses (si)
- J'ai rencontré plein de gens aussi différents qu'intéressants (si bis)
- J'ai bronzé
- J'ai mangé et bu des trucs inconnus au bataillon
- J'ai pris des gifles culturelles et me suis instruit
- J'ai fait des chouilles typiquement européennes


Pour le négatif :


- J'ai souvent très mal dormi
- J'ai souffert niveau physique
- Souvent, je sens particulièrement mauvais
- On essaye de m'arnaquer sur les prix


En clair, le bilan est globalement bon, toutefois plusieurs points posent problème : à commencer par la gestion du budget puisque je dépense plus que ce qui était prévu ! J'ai effectivement beaucoup de mal à ne pas me laisser entrainer quand de sympathiques autochtones veulent m'emmener boire une mousse ou me convient à une activité particulière. De plus, la curiosité me pousse parfois à faire quelques écarts, forts mauvais pour mon portefeuille.


Le second et pas des moindres, reste la préparation physique que j'ai largement sous-estimée. Mon genou accuse effectivement le coup depuis une dizaine de jours, à un point tel qu'il m'est difficile de rester debout plus d'une heure sans commencer à grimacer.


Le troisième porte sur l'efficacité du stop puisque je ne pensais pas que ça marcherait aussi bien. Le fait est que j'ai une vingtaine de jours d'avance sur mon calendrier que je vais probablement diviser entre la Roumanie et l'Ukraine, voir même déborder sur un pays ou 2 non prévus au programme.